Des personnels des Foyers départementaux de l’enfance alertent sur leurs conditions de travail

Rédigé le 22/03/2024
Thierry Lauret

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Des agents des Foyers d'accueil départementaux ont fait grève ce vendredi matin pour dénoncer un déficit structurel de personnels et de moyens ne leur permettant pas d'assurer l'encadrement des enfants placés dont ils ont la charge. Le syndicat FO réclame par ailleurs l'application du statut de la fonction publique hospitalière dans l'avancement des agents et dénonce le recours jugé trop fréquent aux contractuels et aux intérimaires.

Une douzaine de personnes à peine : l’appel à la grève lancé par FO ce vendredi matin devant le palais de la Source à Saint-Denis n’a visiblement pas porté, de l’aveu même des représentants syndicaux des Foyers départementaux de l’enfance de Sainte-Suzanne et de Terre-Rouge. « Ils savent bien mettre la pression sur les personnels, soit en les flattant en leur passant la main derrière l’épaule, soit en leur faisant comprendre que cela aura des conséquences sur leurs horaires ou leur avancement s’ils font grève. Les contractuels, eux, n’osent pas bouger, de peur de ne pas voir leur contrat reconduit », assure une éducatrice.

Tandis que les élus FO, David Morel et Nelson Técher, sont reçus par la direction du Département pour présenter leurs revendications, les grévistes exposent leur mal-être et leur ras-le-bol. Une maîtresse de maison, un poste qui consiste à assurer le nettoyage des locaux ou des vêtements des enfants, mais aussi à assumer le rôle de « confidente », explique son amertume de ne pas percevoir la prime Covid malgré son statut d’agent de la fonction publique hospitalière. La question du statut des agents figure au cœur des revendications, le syndicat FO assurant que l’avancement des personnels des Foyers départementaux de l’enfance ne suit pas un cours normal.

« Le dimanche, il nous arrive d’être seul pour encadrer 12 enfants, ce qui est contraire aux textes de loi. Cela devient ingérable, on fait juste du gardiennage. C’est pour ça que les gens ne veulent plus travailler chez nous », assure un éducateur. Les deux Foyers d’accueil départementaux et leurs dépendances fonctionnent grâce aux éducateurs, aux maîtresses de maison et aux gardiens, en charge de la veille de nuit. Selon plusieurs témoignages, un fort absentéisme dû aux mauvaises conditions de travail accentuerait les problèmes de planning, lesquels évolueraient au fil des jours de la semaine.

« On accueille des enfants de 3 à 17 ans, dont certains relèvent de la psychiatrie. Ils sont de plus en plus durs », confie ce même éducateur, en expliquant que les durées d’hébergement s’allongent bien au-delà de la limite fixée à trois mois, période renouvelable une seule fois sur la base d’un dossier motivé. Une jeune fille serait ainsi logée en hébergement d’urgence depuis quatre ans.

Les syndicats en soutien d’un agent du Département après sa garde à vue à la gendarmerie

« Quand un enfant est là depuis plus d’un an, qu’il voit d’autres enfants arriver puis repartir et que sa situation n’évolue pas, qu’il assiste à des situations de violence, il perd confiance en les adultes », livre une éducatrice, en relatant comment elle a dû s’interposer quand une jeune fille de 16 ans s’est emparée d’un couteau en menaçant de l’utiliser contre un enfant. Un autre éducateur évoque le cas d’un « enfant de huit ans sous psychotrope et malgré tout violent ».

Un problème récurrent de management est également soulevé par les grévistes dans les deux structures, à Sainte-Suzanne comme à Terre-Rouge, en raison de « l’absence de directeurs depuis deux ans ». Sollicité, le Département informe que « les procédures de recrutement sont en cours » et a par ailleurs mentionné aux représentants de FO que des managers par intérim seraient nommés rapidement.

« Le Département a proposé aux représentants des organisations syndicales d’organiser des réunions de travail et de concertation dès la mi-avril afin d’aboutir à des propositions partagées visant à améliorer et à reconnaître les fonctions de maîtresse de maisons et de surveillant de nuit au sein des foyers départementaux », fait aussi savoir la collectivité. En attendant les discussions du mois prochain, le syndicat FO a levé la grève ce vendredi midi en rappelant que le préavis courait toujours.