Appel à manifester le 19 mars : « On est dans une casse du service public »

Rédigé le 15/03/2024
Thierry Lauret

21
A Saint-Denis et Saint-Pierre, l'ensemble des organisations syndicales se joindra mardi 19 mars au mot d'ordre national de défense des salaires dans la fonction publique. A La Réunion, les syndicats veulent tordre le cou à l'image des fonctionnaires grassement payés à ne rien faire.

Sur la banderole proclamant « Stop à la casse des services publics ! Un salaire décent pour tous ! », l’ensemble des organisations syndicales a apposé son logo. Mardi 19 mars, l’intersyndicale CFDT – CFE CGC – CGTR – FO – FSU – SAIPER – Solidaires – UNSA espère mobiliser les personnels sur les revendications de l’augmentation du point d’indice et de son indexation sur l’inflation. Mais aussi sur le problème d’un recours aux contractuels jugé abusif, ces personnels étant souvent exploités pour combler le manque de titulaires, comme c’est le cas dans le milieu hospitalier ou dans celui de la justice.

« Au CHOR, nous avons 40% de contractuels : l’hôpital a l’habitude de se faire du fric sur le dos de ses personnels. Pour les contractuels, il n’y a pas d’avancement possible. Il y a des infirmières qui sont en catégorie C, tout en exerçant un métier de catégorie B », déplore Zohra Givran, pour la CGTR.

Pour les syndicats, ce recours massif aux personnels contractuels participe à la stratégie du gouvernement visant à affaiblir les services publics afin favoriser le secteur privé, comme en attestent selon eux ces pans de politiques publiques cédés en sous-traitance à des sociétés de consulting dont l’efficacité reste à démontrer. « Dans le service public, on soigne tous les patients de la même façon, il ne faut pas que les gens l’oublient. Mais on nous demande de faire de l’argent sur les malades et c’est inacceptable », clame Fabrice Boyer (FO).

« Le service public sert d’amortisseur social. Il y a beaucoup de bas salaires et d’emplois précaires en réalité dans la fonction publique, comme les AESH qui sont à 900 euros par mois. Les emplois non titulaires sont l’écrasante majorité de la fonction publique », abonde Marie-Hélène Dor (FSU) au sujet de ces accompagnatrices d’enfants en situation de handicap, contraintes au temps partiel et à la précarité.

« Baisse du pouvoir d’achat de l’ordre de 15% depuis quatre ans »

«  Les administratifs dans la justice sont souvent ma payés », poursuit Vincent Pardoux (FO), qui, comme tous les représentants syndicaux, refuse catégoriquement la mise en place d’une prime au mérite pour les fonctionnaires. « Un fonctionnaire ne reçoit pas un salaire, mais un traitement en fonction d’une grille indiciaire en lien avec une catégorie. On passe des concours, donc on n’acceptera aucune modification de ce fondement statutaire », prévient-il.

Pour la CGTR, Pierrick Ollivier relève que « la valeur du point d’indice a été gelée en 2010 » avant de subir «  quelques petites augmentations depuis, ridicules par rapport à l’inflation », assurant aussi que les fonctionnaires ont fait face à une « baisse du pouvoir d’achat de l’ordre de 15% depuis quatre ans ».

« Il faut parler salaire : le métier d’enseignant c’est un métier de cœur, important dans la société, il faut se donner les moyens de les valoriser », martèle Gladys Robert (Saiper) pour qui « il y a un déclassement de la fonction publique ». Alors que la France peine à recruter des enseignants, il conviendrait selon la syndicaliste d’arrêter de malmener la profession. « On les invisibilise à force de ne pas parler salaire comme si c’était tabou, alors qu’on nous demande beaucoup de compétences ».

Pour l’intersyndicale, les personnels doivent impérativement intégrer la menace qui pèse sur leur tête : ils seront l’une des cibles privilégiées du gouvernement dans les prochaines années. « On est dans une fuite en avant dans l’austérité. Bruno Le Maire annonce une coupe de 20 milliards en 2025, cela va se traduire par des suppressions massives d’emploi. On est dans une casse du service public », résume Pierrick Ollivier.

Le parcours des manifestations du mardi 19 mars :

Saint-Denis : rassemblement à partir de 9h au niveau du parking de la brasserie de la gare du Nord, puis direction la préfecture via le front de mer.

Saint-Pierre : rassemblement sur le front de mer devant le Casino, puis défilé vers la mairie.