Saint-Paul : La tension ne retombe pas entre la mairie et trois syndicats

Rédigé le 05/03/2024
Maxime Bonnet

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Manque de transparence sur les titularisations, absence de dialogue social ou encore non-renouvellement de CDD, trois syndicats mettent en cause la gestion des agents par la ville de Saint-Paul. Des accusations réfutées par la commune.

Le torchon brûle toujours à Saint-Paul entre la mairie et trois syndicats. Unsa, FO et la FSU maintiennent leurs accusations déjà évoquées par le passé, et même enfoncent le clou sur certains points. Quelques avancées sont cependant à noter pour les agents communaux. “Une prime Belal de 300 euros a été mise en place pour ceux qui ont travaillé durant cette période. On constate aussi une revalorisation des tickets restaurants pour les agents”, note Soraya Issop Mamode, secrétaire générale d’Unsa à la mairie de Saint-Paul.

Un “manque de transparence” sur les titularisations

Cependant, les griefs contre la ville s’accumulent et de nombreux éléments restent en suspens. Ainsi, l’accusation de manque de dialogue social reste l’un des points d’achoppement entre les représentants syndicaux et la mairie. “On nous avance le chiffre de 28 réunions, mais ce sont surtout instances paritaires. Ce sont des réunions de travail avec un ordre du jour pré-établi. Ces rencontres thématiques ne permettent que de préparer certaines instances et on ne peut pas aborder tous les points que l’on voudrait”, poursuit la secrétaire générale d’Unsa. “On ne répond jamais à nos courriers, alors qu’on n’est pas là pour leur faire la guerre”, appuie Aude Cazanove pour FO.

Le nouveau tableau des avancements de grade et de carrière laisse aussi pantois les syndicalistes. “Cela a été fait de manière très tardive, le 31 décembre. Et, ils ont changé un paramètre qui fait passer l’ancienneté dans la collectivité à l’ancienneté dans la fonction publique, au détriment des agents qui sont à Saint-Paul depuis longtemps. Les RH sont notamment très impactées par cette décision. Cela se ressent, car tous les dossiers que nous suivons sont traités en retard. Un critère “priorité” a aussi été mis en place, et qui est laissé à la discrétion du maire. C’est un système à point, donc tout le monde savait qui devait normalement être nommé, et tout le monde a vu qui ont reçu les postes. Les agents se demandent à quoi ça sert de travailler s’il n’y a pas un climat de transparence”, poursuit Soraya Issop Mamode.

Si le principe d’une titularisation reçoit l’aval des syndicats, son application est aussi pointée du doigt par ces derniers. “On a reçu une liste de 50 noms, mais on n’a jamais eu le fin mot de l’histoire. Et cette année, on avance le chiffre d’une centaine de titularisables, mais aucune information pour l’instant”, explique Aude Cazanove.

Déjà rapportés par les syndicats, plusieurs cas de CDD non-renouvelés ont été remontés au Défenseur des droits. “Dix-sept dossiers ont été jugés sérieux par le défenseur des droits et sont en cours d’analyse. On attend une réponse d’ici peu, rapporte Aude Cazanove, mais la gestion est bordélique”. Comme preuve de cette gouvernance erratique, les organisations syndicales mettent en avant le troisième organigramme qui leur a été présenté récemment. “Et encore, c’est encore un organigramme à trou. On s’attend encore à des dysfonctionnements et à une usure dans les services”, rapporte la syndicaliste.

“Dire que le dialogue social est insuffisant relève de la mauvaise foi”

Face à ces griefs, la mairie défend son bilan social et en profite pour tacler l’ancienne majorité. “Notre promesse, c’est la titularisation de 500 agents sur huit ans pour éviter des titularisations la veille des élections, comme c’était le cas avant. Ainsi, on lisse sur toute la mandature. Si l’ancienne majorité avait d’ailleurs plus titularisé, leur part, par rapport aux CDD, serait plus importante dans la collectivité”, rétorque Sébastien Guyon, l’adjoint en charge du personnel communal.

Concernant la transparence de l’opération, là encore, l’élu précise que tout a été transmis aux syndicats. “Nos critères sont classiques : la manière de servir, la parité, la répartition globale dans les services et la prise en compte des métiers sous tension. À cela s’ajoute, pour une trentaine d’agents, la valorisation de la réussite à un concours de la fonction publique”, clarifie Sébastien Guyon.

Enfin, Sébastien Guyon réfute l’idée d’un manque d’écoute de la part de la commune. “Dire que le dialogue social est insuffisant relève de la mauvaise foi. Nous avons eu 28 réunions pour les commissions obligatoires, avec à chaque fois des réunions préparatoires, en plus des groupes techniques. Un séminaire de rentrée va même bientôt être proposé aux représentants du personnel. Quelle autre ville fait autant d’efforts ?”. D’ailleurs, les accusations de non-renouvellements de CDD après les municipales sont là encore fantasmées. “Plusieurs CDI ont récemment été signés avec justement des agents recrutés sous l’ancienne mandature. Dans son rapport, la Cour régionale des comptes avait pointé un nombre trop important de CDD et avait considéré que c’était déstabilisant pour les finances de la commune. Et le chiffre de 17 dossiers auprès du Défenseur des droits est à mettre en parallèle avec les 800 CDD dans la commune”, relativise l’élu. Selon la mairie, ce sont 150 agents qui ont été titularisés sur la tranche 2022/2024.