Inégalités salariales entre les femmes et les hommes : Les entreprises pourront être privées de marchés publics

Rédigé le 26/04/2024
Baradi Siva

La ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations était à La Réunion cette semaine. Elle s'est exprimée sur les nouvelles mesures mises en place pour accueillir les personnes victimes de violences, de harcèlement et a expliqué sa politique au sujet de la délinquance juvénile ainsi que sur les inégalités salariales.

Aurore Bergé a accordé à Zinfos974 une interview durant sa visite de trois jours à La Réunion. La ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations a multiplié les rencontres avec le monde associatif et a aussi rassemblé les services de l’État, les collectivités et les différentes administrations pour réviser les dispositifs d’accueil, mais aussi présenter les nouvelles mesures pour les personnes victimes de violences, harcèlement et discriminations.

Le Pack Nouveau Départ

Ce dispositif vise à fournir l’ensemble des services nécessaires à une personne victime de violences conjugales qui souhaite quitter son conjoint. « J’ai pu réunir avec le Préfet, avec la procureure de la République, tous les services de l’Etat pour donner le coup d’envoi de ce Pack Nouveau Départ« , explique-t-elle avant de préciser, « on a la police, la gendarmerie, la justice, l’Éducation nationale, France Travail aussi pour la réinsertion dans la vie professionnelle et on a la CAF. »

« La Réunion est le 4e département le plus touché par les violences intrafamiliales, mais on a une prise de conscience et une mobilisation générale et c’est aussi ça qui est à noter« , avait-elle notamment précisé lors de la rencontre avec les acteurs lors du Comité local d’aide aux victimes (Clav).

Aurore Bergé face à la réalité des violences intrafamiliales à La Réunion

Les maisons de la femme et de l’enfant

Aurore Bergé explique que ces lieux visent à proposer aux femmes un accompagnement médical et psychologique. Les victimes de violences peuvent aussi porter plainte et être mises en relation avec des partenaires associatifs. « Elles peuvent trouver un lieu refuge, un lieu d’hébergement d’urgence ou d’hébergement plus pérenne et voir leurs enfants aussi être accompagnés« , déclare la ministre.

La représentante du gouvernement indique que l’investissement est conséquent : « Juste pour Saint-Paul, ce sont 600.000 euros qui vont être mis sur la table chaque année par l’État. »

Elle indique la volonté des autorités : « C’est garantir qu’il y a un accompagnement global des femmes victimes de violences. »

Aurore Bergé : “La Réunion a pris conscience de la nécessité de briser le tabou des violences intrafamiliales”

Les hébergements d’urgence pour les victimes

« À La Réunion, il y a 800 hébergements d’urgence et 10% permet de garantir que quoi qu’il arrive, on ait de la place pour les victimes de violences« , déclare Aurore Bergé avant de concéder, « Je sais que ce n’est pas assez. »

« On travaille avec le ministre du Logement pour voir comment collectivités et Etat, on peut travailler ensemble pour garantir qu’on ait plus de places« , assure la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et la Lutte contre les discriminations.

Elle rappelle l’engagement de l’Etat : « On a sanctuarisé des places qui ne peuvent être attribuées à personne d’autre qu’à des femmes victimes de violences. »

Délinquance juvénile : les « parents défaillants« 

La ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations s’est exprimée contre la suspension des allocations pour les parents dont les enfants commettent des infractions et des délits. « Le risque, c’est qu’à la fin, priver des allocations familiales, ça prive surtout l’enfant d’un revenu pour la famille, qui permet d’habiller l’enfant, de le mettre à la cantine, de financer des activités pour cet enfant« , indique-t-elle.

« Si demain, vos enfants mineurs sont dans la rue et commettent des délits, vous êtes responsables en tant que parents. On a demandé à ce que la responsabilité ne soit pas portée uniquement par le parent chez lequel vit l’enfant, mais bien les deux parents« , précise Aurore Bergé.

La ministre précise que des cas de figure différents sont observés : « On a des cas de femmes seules qui se démènent pour accompagner leurs enfants et qui demandent à l’Etat et aux collectivités de l’aide et ça on doit leur en fournir. Et d’un autre côté, il y a des parents totalement absents qui ne s’inquiètent pas de voir leurs enfants tard le soir dans la rue et qui ne s’inquiètent pas pour leur sécurité. »

Discriminations des personnes LGBTQIA+

« On sait que c’est encore difficile. On sait que le taux de suicide des adolescents LGBT est beaucoup plus élevé. Cela veut bien dire qu’il y a des choses qui ne vont pas encore. C’est la raison pour laquelle on finance des centres LGBT« , concède Aurore Bergé qui assure, « L’Etat doit être le garant de la sécurité des personnes LGBT. »

Elle revient sur l’incendie volontaire d’un centre LGBT. « Ce qui est important, c’est que les individus ont été interpellés. Il y en a un qui a même été condamné à un an de prison ferme. Cela veut dire que l’État ne laisse pas passer. »

Harcèlement scolaire : la responsabilité des parents

Aurore Bergé appelle à une responsabilisation des victimes de harcèlement sur les réseaux sociaux à travers la prévention par les parents. « Les réseaux sociaux, ce n’est jamais que ce qu’on accepte d’y mettre, ce qu’on accepte d’y publier. Je pense qu’il y a un enjeu de prévention de nos enfants pour leur faire prendre conscience des risques qu’ils prennent en publiant des choses de leur propre intimité et sexualité« , explique-t-elle.

« Il faut aussi faire prendre conscience que ce qu’il se passe sur les réseaux sociaux a des conséquences dans la vraie vie« , ajoute-t-elle. « Là-dessus, c’est aussi de la responsabilité des parents sur la manière dont on régule la consommation et le temps passé sur les écrans et les réseaux sociaux« , insiste la ministre.

L’inégalité salariale : des sanctions pour les entreprises

La ministre évoque les deux raisons principales pour lesquelles les femmes sont moins payées que les hommes : « La première, c’est le temps partiel, en général subi. Et la deuxième raison est que les femmes sont surreprésentées dans les métiers qui ne sont pas assez valorisés. »

Elle assure que l’Etat est engagé pour changer les choses : « On a revalorisé et on doit continuer à revaloriser ces métiers de la petite enfance, les aides à domicile, qui sont des métiers sans laquelle la société ne peut pas tenir. »

Aurore Bergé insiste sur la nécessité de voir les femmes investir des secteurs de l’économie : « Il faut que les femmes puissent aller dans des filières mieux valorisées, dans les métiers techniques, numériques. Si, nous, en tant que société, on montre la réussite de ces femmes qui ont osé se lancer ces carrières-là ou même créer leurs entreprises, on dit alors que c’est possible. »

Quant aux inégalités salariales au sein d’une même société, la ministre rappelle qu’il existe un indice qui permet de connaître la situation dans chaque entreprise. Des sanctions vont être mises en place : « Si elles ont un score qui n’est pas suffisant, elles n’auront plus le droit d’accéder aux marchés publics. Ce sera une entrave énorme parce que beaucoup d’entre elles dépendent des marchés publics et du fait que les collectivités et l’Etat passent des commandes. Ce sera une mesure très incitative. »