François Asselineau : Une certaine idée de la souveraineté de la France

Rédigé le 26/04/2024
Ludovic Grondin

Faire mieux qu’en 2019. François Asselineau a coché La Réunion comme seul territoire ultra-marin visité durant sa campagne des Européennes. Il faut dire que l'île représente un potentiel électoral plus important (5000 voix en 2019) que dans les trois autres DOM cumulés (2000). Aussi, toute proportion gardée, l’île lui a offert 2,78% des suffrages exprimés contre 1,17% sur la France entière il y a cinq ans. S'il espère naturellement un meilleur score, seul son discours n’a quant à lui pas varié : sortir de l'Union européenne, de l'Euro et de l'OTAN. Un triptyque qui le distingue facilement des autres candidats. Nous l’avons interrogé au cours de son passage à l’île de La Réunion.

Entrer à Strasbourg pour mieux faire…sortir la France de l’Union européenne, c’est le projet de François Asselineau. Le candidat du Frexit compte bien atteindre les 5% cette année, un score qui serait fidèle selon lui à l’augmentation constante, depuis les dernières européennes, du nombre d’abonnés de sa chaîne Youtube.

Alors que le RN a préféré abandonner l’idée d’une sortie de l’UE et de l’euro par considération électorale, le président-fondateur de l’UPR estime qu’il ne peut pas y avoir de « solution intermédiaire » et embraye sur une métaphore de bon aloi.

« Il y a un proverbe turque que j’aime bien qui dit : ‘on n’est pas un peu enceinte’. Soit un pays est souverain et indépendant, soit il ne l’est pas. En vertu de quoi la politique qui est suivie à l’île de La Réunion devrait dépendre du souhait du peuple letton, lituanien, finlandais ? C’est absurde alors que l’environnement immédiat de La Réunion c’est quand même Madagascar et Maurice, et un petit peu plus loin l’Afrique australe, du Sud et puis l’Inde », entrevoit le leader de l’Union populaire républicaine.

François Asselineau est connu pour dispenser sur sa chaîne Youtube des exposés qui mettent aussi en lumière sa science des faits historiques. C’est donc non sans un certain plaisir que le président de l’UPR rappelle qu’en 2013, il faisait « une vidéo où [il] disait que l’Europe allait nous entraîner vers la guerre ».

« A l’époque, les gens disaient que j’affabulais, non ! Il y a onze ans, je décrivais exactement ce qui se produit en ce moment parce que l’Union européenne est placée sous la tutelle de l’OTAN et ne peut qu’entrer en choc face à la Russie, face à la Chine et au monde arabo-musulman », raconte-t-il en convoquant une nouvelle fois le passé. « C’est exactement la même situation qui nous a menés à la 1ère Guerre mondiale. À l’époque, on expliquait aux Français du début du XXe siècle que l’alliance avec la Russie, l’alliance avec le Royaume-Uni nous garantissaient la paix. En réalité, c’est le contraire qui s’est produit », évoque-t-il.

Les convictions plutôt qu’une banque ou un ministère

La voie « royale » qu’il a réussie avec succès en étant diplômé d’HEC, de vice-major de la promotion 85 de l’ENA, d’inspecteur des finances et de conseiller de ministres avait tout pour le rendre « ministrable » mais François Asselineau a préféré, dit-il, suivre sa conviction. « Effectivement j’aurais pu jouer le jeu de la carte personnelle et depuis j’aurais pu être ministre depuis belle lurette. Ou j’aurais pu suivre le parcours traditionnel qui m’aurait mené à la tête d’une grande banque. Les inspecteurs généraux des finances trustent souvent les présidences ou les directions générales de la BNP, de la Société générale, du Crédit lyonnais etc. Je gagnerais des sommes mirobolantes. Donc ce que devraient se poser les électeurs comme question quand ils voient un homme ou une femme se présenter à leur suffrage c’est : ‘si ce monsieur ou cette dame ne faisait pas de politique, qu’est-ce qu’il ferait à la place ?’ Je fais ce que je fais parce que j’ai d’autres valeurs que l’argent. J’ai de l’argent suffisamment pour vivre et sans entrer trop dans l’intimité, je pense à des gens que j’ai aimés quand j’étais petit, mes grands-parents, mes oncles et tantes etc. et je me dis ‘mais, qu’est-ce qu’ils penseraient s’ils voyaient ce qu’est devenue la France ?’, évoque-t-il le leitmotiv qui anime son parcours politique.

Un patchwork de militants

Le candidat à la présidentielle 2017 définit son parti comme « au-dessus du clivage droite gauche » composé toutefois d’une majorité de gens de droite « mais pas d’extrême droite », précise-t-il, « d’anciens RPR, des Gaullistes, de gens qui se sont un peu égarés au FN, d’autres qui se sont laissés envoûter par le phénomène Zemmour, des socialistes aussi qui avaient par exemple voté non à la constitution européenne ou encore beaucoup d’anciens communistes », ajoute-t-il. Ce qui réunit ces sympathisants venus de tous les horizons c’est qu’ « ils sont en fait désespérés de ce qu’est en train de devenir la France. »

Après avoir été empêché de participer à la dernière présidentielle faute de parrainages, le leader de l’UPR peut de nouveau se confronter à ses concurrents. Mais, au même titre que le peu de visibilité dont il bénéficie dans les grands médias, un autre paramètre trouble sa campagne. Ce sont les sondages « devenus des purs instruments de manipulation de l’opinion ». Comme à son habitude, François Asselineau accompagne son affirmation d’un exemple qui, pour le coup, est resté fameux.

« Je rappelle que pour la présidentielle, il y a eu le 16 février 2022 un sondage IFOP. Rappelez-vous, au lieu de faire 25% Macron a fait 28, au lieu de faire 16,5 et d’être au second tour, Zemmour a fait 7, c’est-à-dire qu’il avait été surestimé de 130%, c’est tout à fait en dehors des marges d’erreur, c’est un faux sondage ! Au lieu de faire 16, madame Le Pen a fait 23, elle avait été largement sous-estimée. Madame Pécresse au lieu de faire 15, elle a fait 4,78, elle avait été surestimée de 230%. Ça veut dire quoi ? Si on était dans une véritable république, l’IFOP aurait l’interdiction de faire des sondages parce qu’ils ont une responsabilité », conclut-il. Si leur interdiction demeure irréalisable selon lui, des échantillons beaucoup plus grands, 10.000 au lieu de 800, feraient « renchérir considérablement leurs coûts, ce qui ferait qu’il y aurait beaucoup moins de sondages ! », en est-il persuadé.