La délégation sénatoriale socialiste sensibilisée sur le besoin de politiques publiques adaptées aux Outre-Mer

Rédigé le 20/04/2024
Samuel Irlepenne

À la veille de leur départ, les 7 sénateurs socialistes reçus cette semaine par leur homologue Audrey Belim ont fait un bilan de leur visite dans l'île. Ces derniers ont en effet entrepris une démarche de découverte des particularités et des défis des territoires ultramarins ainsi que des initiatives locales. Leurs observations seront consignées dans un livre blanc, dans le but d'influencer l'élaboration de politiques publiques mieux adaptées aux spécificités ultramarines.

Durant leur périple dans l’île, les sept sénateurs du groupe PS au Palais du Luxembourg (Viviane Artigalas, Marion Canales, Hélène Conway-Mouret, Thierry Cozic, Rémi Feraud, Annie Le Houerou et Lucien Stanzione), accompagnés par Audrey Belim (par ailleurs vice-présidente de la délégation sénatoriale aux Outre-Mer), ont ainsi pu se rendre compte des spécificités de l’île « mais aussi de ses atouts dont on ne parle pas assez », indique Audrey Belim. « Nous avons à La Réunion des domaines dans lesquels nous sommes performants et je pense qu’on n’en parle pas suffisamment, notamment ceux qui tournent autour de la biodiversité ou de l’énergie. Nous avons des choses incroyables à proposer à La Réunion et qui pourraient être expérimentées ailleurs, toujours dans cette idée de partage », plaide la parlementaire réunionnaise.

Territoire zéro chômeur longue durée : L’expérience portoise au centre d’une visite sénatoriale

Thierry Cozic, sénateur de la Sarthe, souligne l’importance de ces déplacements pour mieux appréhender les réalités des territoires ultramarins. Si le sujet des Outre-Mer « est régulièrement abordé au Sénat », il reconnaît la difficulté de visualiser pleinement ces enjeux lors des travaux parlementaires. Il admet malgré tout que cette visite a modifié sa perspective sur les sujets ultramarins au Sénat, notamment sur les enjeux financiers.

Abondant dans son sens, Lucien Stanzione, sénateur du Vaucluse, souligne le dynamisme entrepreneurial et l’innovation présents sur l’île, en particulier dans le secteur agricole. Il mentionne l’avance des agriculteurs réunionnais dans l’application de la loi Egalim par rapport à la France hexagonale. De plus, il pointe les défis liés à la gestion de l’espace, résultant de l’application de diverses réglementations parfois mal-adaptées telles que la loi SRU, l’emprise du Parc national et la Loi Littoral. Il reconnaît le travail à accomplir tout en soulignant les nombreuses initiatives inspirantes qui pourraient contribuer à faire progresser le travail législatif en France hexagonale.

Un appel à une différenciation territoriale plus marquée

Viviane Artigalas, sénatrice des Hautes-Pyrénées et vice-présidente de la Commission des affaires économiques du Sénat, a quant à elle fait valoir sa familiarité avec les territoires ultramarins, en raison de ses visites répétées aussi bien à Mayotte qu’à La Réunion, au titre de sa fonction de vice-présidente de la délégation sénatoriale aux Outre-Mer. Des visites répétées qui lui ont permis d’appréhender « les spécificités, les forces et les faiblesses de ces territoires ». À La Réunion, elle insiste sur le rôle des élus « progressistes » dans l’avancement des initiatives locales. En tant que représentante au Sénat, elle s’engage à promouvoir les particularités de La Réunion dans le processus législatif et les rapports parlementaires. Elle souligne l’importance d’adapter les dispositifs et les aides aux spécificités de ces régions, appelant à une différenciation territoriale plus marquée au sein de la République.

Un avis partagé par sa collègue Marion Canales, sénatrice du Puy-de-Dôme, qui pointe par ailleurs une tendance de recentralisation du pouvoir depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, qui conduit parfois à des politiques inadaptées aux particularités locales.

Pour Rémi Féraud, sénateur de Paris, la visite de la délégation sénatoriale à Saint-Benoît a mis en lumière les difficultés d’insertion des jeunes, souvent liées au contexte économique et social, ainsi qu’aux lacunes dans la lutte contre la délinquance. Il exprime également le constat que depuis 2017, les préoccupations gouvernementales concernant les Outre-Mer se sont affaiblies, mais insiste sur l’engagement de l’opposition, notamment du groupe socialiste au Sénat, à proposer des solutions constructives pour soutenir le développement de La Réunion et faire face à ses défis.