Coup de folie dans un restaurant de St-Denis : L’individu armé n’avait pas toute sa tête

Rédigé le 25/04/2024
Isabelle Serre

Noor-Mohamed M., souffrant de troubles psychiques, a provoqué un incident violent dans un restaurant à Saint-Denis, menaçant des clients avec un couteau et une matraque télescopique. L'altercation s'est poursuivie jusqu'à ce que la sécurité intervienne et que la police l'arrête en état d'agitation extrême. Diagnostiqué avec plusieurs troubles mentaux, il a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis probatoire, et doit suivre des soins obligatoires.

Il est 19h30 le 20 février dernier, avenue de la victoire à Saint-Denis. Des clients sont attablés dans un restaurant à la mode. Soudain un jeune homme débarque, une arme dans chaque main. Avec son couteau papillon et sa matraque télescopique, il menace les clients et vocifère :  » je veux tuer du blanc de métropole et des zoreils ».  L’individu qui semble hors de contrôle fait plusieurs fois le tour de l’établissement avant que la sécurité ne parvienne à le faire sortir et à refermer les grilles, mettant ainsi les clients à l’abri. Toujours très excité, l’homme menaçant continue à donner des coups de couteau dans le vide à travers les grilles.

« Ce jour-là, j’ai regardé les actualités sur ma tablette. J’ai vu du sang. J’ai horreur du sang. Je n’ai pas vu mon psychiatre depuis de nombreux mois parce que j’allais mieux. Je ne prenais plus mon traitement. J’ai été chamboulé par ce que j’ai vu. J’avais plus de discernement. Ensuite, je ne me souviens de rien et je m’excuse parce que j’ai jamais voulu ça« , détaille Noor-Mohamed M. à la barre du tribunal correctionnel où il était jugé ce mercredi. Depuis les faits, le jeune homme au casier vierge est en détention provisoire le temps qu’un expert psychiatre puisse l’examiner. Ce dernier a diagnostiqué trois troubles psychiques dont souffre le prévenu : des troubles de l’attention, des troubles bipolaires ainsi que des troubles de la personnalité borderline. Le spécialiste estime qu’il y a eu une altération partielle de son discernement au moment des faits qui ne s’étaient d’ailleurs pas arrêtés là.

La brigade anticriminalité était intervenue alors que des passants effarés avaient croisé la route de l’individu ayant semé la panique aux abords du restaurant. « Il criait que les blancs étaient des chiens » et buvait régulièrement des gorgées d’eau en avalant des médicaments. Retrouvé en état de sudation extrême, ces deux armes près de lui, Noor-Mohamed était toujours surexcité à l’arrivée des policiers. Interpellé, il avait continué à exprimer vigoureusement sa colère dans le véhicule, blessant un policier en lui mordant le doigt et rouant les autres de coups de pied.

Le jeune homme né en 2000 avait ensuite été interné dans un service psychiatrique pendant une dizaine de jours avant d’être placé en garde à vue. Ce mercredi, c’est un garçon calme et doux comme un agneau qui s’est présenté à la barre du tribunal. Le président Duchemin, visiblement agacé, n’a pas hésité à évoquer la taqîya, histoire de montrer qu’il restait méfiant quant aux remords affichés par le mis en cause.

Interrogé à son tour, le père de ce dernier a tenu des propos inquiétants évoquant un « blanc qui s’alcoolise tous les jours à côté de chez nous et tient des propos dégradants au sujet de l’islam » comme pour minimiser les actes de son fils. Celui-ci avait laissé une lettre au domicile de ses parents avant de sortir armé et en surdose de Ritaline dans laquelle il invoquait « des musulmans persécutés de par le monde « . La lettre se terminait par un adieu et ces mots : « je vais mourir pour une juste cause ». 

Pour contrebalancer ces éléments, l’avocat de la défense n’a pas eu la tâche facile. Me Jean-Jacques Morel a décrit une famille de gens honnêtes « qui pratiquent l’islam à la réunionnaise ». La robe noire a insisté sur la personnalité de son client dont la maladie a été détectée alors qu’il était adolescent. « Il n’a pas la capacité de  faire la part des choses sur les évènements du 7 octobre et ce qu’il voit sur les réseaux sociaux qui le met hors de lui parce qu’il est vulnérable et sensible », poursuit le conseil insistant sur un profil « aux antipodes de celui d’un terroriste ».

Noor-Mohamed M. est condamné à 3 ans de prison dont 2 avec un sursis probatoire renforcé pendant 3 ans. Il doit immédiatement suivre des soins et a interdiction de porter une arme. Son maintien en détention a été ordonné.